Pour la petite histoire… d’Orthodidacte
Voilà dix ans, déjà, qu’est née l’idée un peu farfelue de réconcilier les salariés francophones avec l’orthographe et, plus généralement, la langue française écrite, via une plateforme numérique.
Mettez autour de la table (ou plutôt sur un coin de table) un entrepreneur à l’écoute des mutations de la formation professionnelle et un fondu d’orthographe, et vous obtenez une ébauche d’Orthodidacte et des projets plein la tête.
Aujourd’hui, la plateforme Orthodidacte est forte de 15 000 questions portant sur 270 thèmes et propose un contenu et une pédagogie adaptés aussi bien au français langue maternelle qu’au français langue étrangère.
Le français, un atout dans le monde professionnel
L’idée était sans doute un peu farfelue, certes. Comment, alors que les smartphones (pardon, les téléphones intelligents) et les outils numériques foisonnaient déjà, pouvait-on encore croire à l’intérêt de maîtriser l’accord du participe passé et le savoir-écrire ?
Eh bien, justement, c’est là que le bât blesse. On a beau être soutenu, épaulé, secondé par une armée d’outils qui vont de la complétion automatique aux correcteurs informatiques, en passant par la facilité de googliser à tout-va, la machine ne remplace pas l’humain en ce qui concerne l’expression écrite. La langue, cette rebelle, ne se laisse pas apprivoiser comme ça par les algorithmes ! Rien ne vaut le bon vieux neurone humain pour comprendre le sens de la phrase, la percevoir dans sa globalité, l’articuler et la remettre dans le contexte, au sens premier du terme.
Ceux qui ne jurent que par la tutelle des aides à l’écriture avaient prédit un avenir bien incertain à Orthodidacte devant la prétendue inutilité d’être autonome dans la rédaction professionnelle.
Ceux qui, au contraire, sont conscients de la prééminence de l’humain et de l’importance d’un français professionnel percutant ont vu des jours radieux se profiler.
Les premiers se sont déjugés. Les seconds se sont réjouis !
Une baisse de niveau réelle mais pas inéluctable
Orthodidacte est aidée dans sa mission par le déferlement des jeunes diplômés qui, bien que brillants par ailleurs, sont moins tatillons sur l’orthographe que leurs aînés. On ne leur jette pas la pierre. L’enseignement du français a été réduit comme peau de chagrin au fil des ans, durant la scolarité. Il est donc tout à fait normal que le niveau baisse. Il n’y a pas de mystère : la langue française est exigeante, y consacrer moins d’heures réduit d’autant le niveau d’acquisition à l’entrée sur le marché du travail.
Et, quoi qu’on en dise, un français correct est l’assurance d’une évolution de carrière stimulée, d’une relation client facilitée, voire d’un chiffre d’affaires sécurisé. La langue, au même titre que d’autres moyens de communication, est un pouvoir que nul ne peut dédaigner au XXIe siècle.
Et la langue, pendant ce temps-là ?
La langue évolue, à son train, comme c’est le cas pour toutes les langues bien vivantes. Vous n’avez pas pu passer à côté des rectifications de l’orthographe de 1990, des ministres successifs qui tentent de revaloriser l’exercice de la dictée dans la scolarité ou, plus récemment, des débats enflammés au sujet de la rédaction épicène (dite encore « écriture inclusive »). Si ? Alors il est grand temps que vous suiviez les publications d’Orthodidacte sur les réseaux sociaux, qui démêlent le vrai du faux et apportent un éclairage solidement étayé.
Et dans dix ans ?
Les progrès de l’intelligence artificielle fourniront de nouvelles aides à la rédaction mais ne seront pas suffisants pour espérer rédiger ses textes ex nihilo automatiquement, sans aide humaine.
La relation client confirmera l’omniprésence du multicanal, confortant la prépondérance de l’écrit.
Par ailleurs, aux oiseaux de mauvais augure qui attendent, complaisamment ou pas, l’avènement du tout-anglais, rappelons que les tendances et études actuelles font du français une des langues les plus parlées et étudiées dans le monde dans les décennies à venir. Peut-on alors aller jusqu’à rêver de la disparition naturelle et spontanée des anglicismes dans la langue française ?